Le site de Conimbriga se situe au Portugal, à quelques kilomètres de la ville actuelle de Coïmbra. La cité, située sur un éperon rocheux, offre un certain nombre d’attraits : le site est protégé et assure la jonction entre le nord et le sud de la Lusitanie. Les Romains s’y installent progressivement à partir de la fin du IIe siècle. Elle connaît plusieurs phases de développement.

L’essor de la cité

À l’ancien promontoire celtique succède une véritable cité romaine qui s’adapte progressivement à la trame urbaine antérieure au cours de la période augustéenne ( fin du Ier siècle avant J.-C. – début du Ier siècle après J.-C.) et accède au rang de municipe à la fin du Ier siècle après J.-C. La ville s’organise et continue à se doter d’une parure monumentale digne d’un nouveau statut : au forum préexistant s’ajoutent de nouveaux thermes et un amphithéâtre ainsi qu’un réseau hydraulique sophistiqué. la ville prospère, comme en témoignent les luxueuse demeures.

Déclin et abandon

L’instabilité de l’empire pousse plusieurs cités à édifier une muraille afin de se protéger : celle de Conimbriga date de la fin du IIe siècle après J.-C. , mais cela n’empêchera pas la ville d’être mise à sac à plusieurs reprises par les Suèves en 464 et en 468.

Le site est abandonné petit à petit et ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle qu’il est redécouvert. Depuis les années 1930, les nombreuses recherches archéologiques, qui se poursuivent encore aujourd’hui, ont conduit à la création d’un musée et à la mise en valeur du site.

Le forum

Le forum de Conimbriga se situe sur le point culminant de la cité. Édifié entre 15 et 10 avant J.-C., ce premier forum s’organise autour d’une place centrale entourée d’un protique et dispose de boutiques à l’ouest et d’une curie au nord. Par la suite, la place est complétée d’une boutique à trois nefs à l’est, flanquée d’une curie dans laquelle prennent place plusieurs statues impériales faisant de la salle d’assemblée un augusteum, un espace où l’empereur et sa famille sont honorés. Un portrait d’Auguste, un autre d’Agrippine la Jeune et peut-être un de Néron, entre autres, ont été ainsi retrouvés aux alentours.

La véritable reconstruction du forum survient à la fin du Ier siècle : les anciens bâtiments sont rasés pour permettre l’érection d’un nouveau complexe urbain. La place centrale, de nouveau entourée de portiques sur ses trois côtés, a été conservée. Au centre a été édifié un temple, d’ordre corinthien avec quatre colonnes  en façade, vraisemblablement dédié à Mars et à la famille impériale.

Les grands thermes dits du Sud

Parmi les différents thermes mis au jour à Conimbriga, les grands thermes du Sud sont peut-être les plus impressionnants. D’une part pour leur taille, d’autre part en raison de leur implantation sur le flanc de la falaise. Le baigneur arrivait tout d’abord dans une vaste cour où était implantée la natatio, la piscine. Après le passage par la salle froide, le frigidarium, on accédait aux salles tièdes, le tepidarium. Ensuite, il était possible de pénétrer dans les salles chaudes, soit pour se baigner, soit pour transpirer, notamment dans le laconicum. Enfin, le visiteur pouvait s’exercer dans la palestre, située en contrebas des thermes. Il y accédait par un escalier monumental. La façade de la palestre, encadrée de portiques et de deux vastes exèdres de chaque côté, donnait sur la vallée environnante.

Les mosaïques

Le site de Conimbriga est mondialement connu pour ses mosaïques, nombreuses et en excellent état de conservation. Elles permettent d’apprécier le raffinement et la richesse des habitations. Les mosaïques exposées au musée ou découvertes et conservées in situ, s’étendent du Ier siècle avant J.-C. au IIIe siècle après J.-C. Si les motifs géométriques et floraux  occupent une large part du répertoire, l’association de certains schémas décoratifs avec des motifs plus inhabituels souligne une certaine recherche de la part des mosaïstes de Conimbriga.

Certaines productions sont particulièrement originales, comme les squelettes ou celles retrouvées dans la Maison aux jets d’eau. À chaque extrémité du péristyle agrémenté d’un bassin et de parterres végétaux se trouve un médaillon où figurent des scènes mythologiques variées. Le sens de ces images était destiné à une élite lettrée, amie du propriétaire, qui en comprenait le sens caché.