Au fil des siècles et des rattachements, la ville de Besançon a toujours su rester une cité de caractère.
Besançon, capitale actuelle de la région de Franche-Comté, est protégée par une boucle du Doubs. Les grands travaux d’urbanisme réalisés depuis les années 80 ont permis de faire entrer la ville dans la modernité. Mais ils nous ont également offert une vision précieuse du passé des lieux. Avec les données issues des fouilles du parking de la mairie ou de la place du Marché – et avec les travaux entrepris récemment dans l’îlot Pasteur- apparaît une succession interrompue d’occupations depuis plus de 2000 ans.
La cité fortifiée gauloise des Séquanes
La découverte d’artefacts datant des périodes du paléolithiques et du néolithique établit la preuve d’une très vieille occupation humaine préhistorique dans cette région parcourue par le Doubs. L’établissement sur le site de Besançon prendra ensuite de l’ampleur à l’époque gauloise, grâce notamment au développement du commerce des salaisons.
Intégré au groupe des Séquanes, l’oppidum gaulois de Vesontio – ancien nom romain de Besançon – fut décrit par le général Jules César comme la capitale de ce grand peuple. Cette « Civitas Maxima Sequanorum » de Vesontio possédait déjà un important mur d’enceinte – constitué d’une solide armature en bois et d’un remblai interne de pierres de terre mêlée- qui le rendait presque indestructible. Profitant de la situation, l’armée romaine apporta son aide aux Séquanes dans le conflit qui les opposait à leurs voisins, les Éduens, et, en 58 avant J.-C., Jules César fit passer la ville de Vesontio sous domination romaine.
L’indépendance d’une ville
Au cours de la période moyenâgeuse, la ville prit le nom définitif de Besançon et connut des rattachements divers en fonction des jeux politiques. Lorsque le comté de Bourgogne prit son essor au XIe siècle, la ville de Besançon se distingua par une relative autonomie. Près d’un siècle plus tard, tandis que le comté se voyait rattaché au Saint-Empire romain germanique, Besançon acquit le statut de « ville libre ».
Elle n’était alors soumise qu’au pouvoir direct de l’empereur et confiée à l’autorité d’Hugues de Salins, l’archevêque de Besançon. En 1290, la forte personnalité de ses habitants et leur envie irrépressible de liberté la rendirent totalement indépendant. Véritable ovni dans l’Europe féodale du Moyen Âge, la commune de Besançon se gouvernait seule grâce à un conseil de notables directement élu par la population, d’affranchissant ainsi du pouvoir archiépiscopal.
Même après son rattachement au début du XVIe siècle à l’empire de Charles Quint, Besançon garda ses privilèges législatifs et économiques. Sous l’impulsion de Nicolas Perrenot de Granvelle, la cité comtoise allait alors connaître le faste de la Renaissance. Grâce à cet homme de pouvoir – successivement chancelier, garde des Sceaux et homme de confiance proche de l’empereur-, les arts architecturaux se développèrent et firent de Besançon l’une des plus belles villes de l’époque. Cet épanouissement se retrouve incarné dans la façade de l’hôtel de ville et le Palais Granvelle, dont les arcades en anse de panier de la cour intérieure témoignent de l’influence méridionale.
L’œuvre de Vauban dans la capitale comtoise
Avec la conquête de la région par les troupes du Roi-Soleil et la prise de Besançon le 22 mai 1674, la position stratégique de la ville va justifier d’importants travaux. Intégrée au Royaume de France, la nouvelle capitale de la Franche-Comté se verra dotée d’un important système défensif.
La Citadelle, érigée au sommet de la colline de Saint-Étienne, ainsi que l’ensemble des fortifications protégeant le centre de la ville, sont parmi les plus beaux exemples de l’oeuvre architecturale laissée par l’esprit de Vauban. Classés en 2008 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, ces édifices se dressent encore fièrement dans la ville moderne.
Le blason
Sur le blason de la ville de Besançon figurent, associées à l’aigle impérial de Charles Quint, les colonnes de l’ancien temple romain se dressant à l’emplacement de l’actuel square Castan.
De Vesontio à Besançon
Plusieurs lieux de la ville portent encore les traces de l’antique occupation romaine. Ainsi, l’ancien pont romain fut utilisé jusqu’à sa destruction en 1953 au profit d’une structure plus moderne. Sous le pont Battant actuel se trouve encore la base d’une pile de ce vestige de l’époque romaine.
Située dans son prolongement et menant à la Porte Noire, la Grande Rue reprend presque à l’identique le tracé du cardo de l’antique cité. Le quartier des Arènes tire également son nom de la présence en ces lieux des ruines du vieil amphithéâtre construit au Ier siècle de notre ère.
Les traces du passé romain dans la ville d’aujourd’hui
La ville de Besançon conserve de nombreux vestiges de ses occupations antérieures. Une partie d’entre eux seulement ont été exhumés, certains sont toujours visibles dans la ville moderne, et beaucoup restent encore à découvrir.
Les vestiges défensifs du mururs gallicus, retrouvés en 2001 lors de la fouille des Remparts Dérasés, témoignent de l’ancien oppidum gaulois et de l’épanouissement de Vesontio sous la domination romaine. Cette place stratégique, enserré par la boucle du Doubs avec ses sept collines avoisinantes, marqua l’esprit du stratège Jules César qui alla jusqu’à la comparer dans La Guerre des Gaules à la grande ville de Rome.
Par la suite, la cité gauloise s’intégra parfaitement dans le giron de l’Empire et devint une colonie à part entière. Reprenant le plan urbanistique classique en cardo-decumanus – axes principaux nord-sud et est-ouest des cités romaine-, de nombreux temples, des édifices publics et des villas privées virent le jour et firent la grandeur de la cité. Les magnifiques mosaïques découvertes dans le cœur de la ville lors de fouilles préventives nous montrent la richesse et le degré de raffinement atteint par Vesontio durant la période gallo-romaine.
L’arc de triomphe
La Porte Noire est bien mal nommée. À l’origine, cet arc de triomphe érigé par l’empereur romain Marc Aurèle présentait un tout autre aspect. construit à partir de blocs de calcaire, il était probablement rehaussé de touches de peinture. Les récents travaux de restauration redonnent au monument une partie de sa splendeur d’antan.
La présence de cet arc de triomphe dans une ville intégrée au pouvoir romain reste un fait rare et marque le prestige de la cité. Après une période agitée entre 172 et 175 après J.-C., Marc Aurèle restaure le Pax Romana dans la région et dota dans le même temps la ville de Vesontio d’un arc de triomphe.
Mais plus que la glorification d’une personne ou d’une victoire militaire, les allégories représentées sur ce monument évoquent la paix et la prospérité apportées par le pouvoir romain.