En 1974, des fermiers qui creusaient un puits à l’est de Xi’an, dans la province de Shaanxi, découvrent un guerrier de terre cuite, sortant ainsi le mausolée de Qin Shi Huangdi d’un sommeil de plus de 2000 ans.

Selon l’historien Sima Qian -vers 145-86 avant J.-C.-, près de 700 000 artisans et ouvriers provenant de toutes les provinces de l’empire, furent nécessaires pour construire le mausolée de Qin Shi Huangdi. Le premier empereur de Chine, dans sa mégalomanie, avait de quoi rivaliser avec les pharaons d’Égypte et leurs pyramides.

Une demeure somptueuse pour l’au-delà

Qin Shi Huangdi ( vers 259-210 avant J.-C.), après avoir conquis les Royaumes combattants, devint le fondateur du premier royaume unifié de Chine et prit le titre d’empereur. Désireux plus que quiconque de briller, il fit sculpter des milliers de soldats et des chevaux à échelle réelle avant de les faire placer dans son tombeau. Les travaux de son mausolée débutèrent dès son accession au trône, à l’âge de 13 ans. Son père n’avait régné que pendant trois ans, et Shi Huangdi lui-même échappa à plusieurs tentatives d’assassinat. Son projet de mausolée fut achevé quelques années après sa mort, qui aurait été causée par un empoissonnement au mercure, après avoir ingéré des pilules censées offrir la vie éternelle. Les statues de terre cuite furent alignées face à l’est, orientées vers les provinces conquises par Shi Huangdi.

Un chantier titanesque

La majorité des ouvriers travaillant sur le mausolée ont été affectés à la construction des statues en terre cuite. Utilisant des matériaux trouvés à proximité, sur le mont Zin, les artisans sculptèrent séparément les jambes, les bras et les torses. Les têtes étaient formées à partir de six moules individuels avant de se voir attribuer des traits uniques. Les armes des statues -lances, épées, haches, arcs-, dont la plupart ont été pillées, étaient de véritables armes ayant servi sur les champs de bataille sous le règne de l’empereur. Des tests effectués sur des flèches retrouvées dans le mausolée ont permis de démontrer qu’elles étaient capables de transpercer une armure, fait remarquable pour l’époque.

Le mausolée n’a pas livré tous ses secrets

Le mausolée n’a été découvert que tardivement, en 1974, et le site archéologique, qui s’étend su une zone de 56 km², n’a pas encore livré tous ses secrets. Ainsi, la tombe de l’empereur, adjacente aux fosses contenant les statues, demeure fermer afin de protéger tous les objets funéraires qui sont enterrés avec lui. De plus, si l’on en croit l’hypothèse communément admise que le mausolée abriterait autant de statues qu’il y avait de guerriers dans la garde impériale, de nombreuses découvertes restent à mettre au jour. Toutefois, les recherches menées jusqu’à présent ont déjà permis de livrer des informations de premier ordre sur les techniques artisanales de l’époque.

Des soldats disciplinés

L’armée de terre cuite chargée de veiller sur l’empereur après sa mort, a été répartie dans plusieurs chambres souterraines, dont trois ont été mises au jour. Les soldats dont le nombre est estimé à 7000, y ont été placés alignés sur trois ou quatre rangées, chacun étant séparé de son voisin d’environ 60 cm. Les rangs sont espacés de moins de 1 m les uns des autres.

Chaque galerie est séparée par de larges murs de terre battues. Tous ces soldats sont alignés vers l’est, à l’exception des archers, tournés vers l’extérieur pour monter la garde et surveiller d’éventuelles attaques.

Une armée complète

Les soldats de la tombe de Shi Huangdi devaient refléter la réalité. Ainsi, comme une véritable armée, différentes unités ont été représentées. En plus des archers et des arbalétriers, qui semblent prêts à décocher une flèche, un genou à terre, des fantassins, des cavaliers et des conducteurs de char et de quadrige viennent grossir les rangs de l’armée impériale. Bien évidemment, des hommes devaient la diriger. Les archéologues ont ainsi découvert un général et des officiers supérieurs, reconnaissables à leur taille plus imposante et à leurs cuirasses particulières. Les chercheurs ont également émis l’hypothèse que l’une des chambres, de dimensions réduites par rapport aux autres, pourrait constituer une sorte de quartier général.

Une armée polychrome

Tout comme les statues de l’Antiquité grecque et romaine, l’armée de terre cuite de l’empereur Shi Huangdi était peinte. Les analyses chimiques ont révélé que des couleurs vives et franches ont été employées, comme du rouge, du bleu, du vert ou du violet. Alors que les visages étaient peints en blanc, l’iris de l’œil, les cheveux et la barbe étaient peints en noir, pour coller le plus fidèlement possible à la réalité. L’usage du brun pour certaines pièces de la cuirasse auraient pu servir à représenter du cuir.

Enfin, comme on peut le deviner sur certains guerriers, les cuirasses et les casques étaient peints en rouge. Une telle représentation ne semble pas correspondre à la réalité, la couleur étant trop voyante et souvent associée aux crimes, ce qui laisse perplexes les chercheurs.

Les chevaux

L’armée de terre cuite compte dans ses rangs des cavaliers et des conducteurs de char et de quadrige, mais elle n’aurait pas été complète sans chevaux Ceux-ci sont de stature robuste et semblent vaillants, prêts à partir à la charge. Une partie d’entre eux ont été représentés harnachés -selle et bride-, et dans certains cas ont encore voir les cavaliers tenir les rênes. Les autres ont la gueule ouverte, comme si le cavalier n’avait plus qu’à leur mettre le mors.

Des soldats uniques

L’une des particularités les plus frappantes, lorsqu’on se trouve face à ces statues, est sans aucun doute leurs visages : chaque guerrier possède des traits uniques.

  • La taille : mesurant plus de 1,80 m, les soldats de terre cuite sont plus grands que nature, surtout pour l’époque. Certains officiers supérieurs dépassent même les 1,90 m.
  • Le visage : alors que certaines parties du corps ont été produites en série, le visage a fait l’objet d’un travail rigoureux et d’une grande précision. sourcils, lèvres, nez, oreilles et moustaches ont été soigneusement sculptées pour chaque soldat.
  • La coiffure : tout comme le visage, un soin particulier a été apporté à la coiffure des soldats, généralement constituée d’une tresse remontée en chignon derrière le crâne. Certains guerriers portent un bonnet.
  • L’uniforme : chaque unité a un uniforme particulier. Si les fantassins portent des pantalons amples, les cavaliers, quant à eux, sont vêtus d’une tunique courte, plus adaptée à leur fonction. Les cuirasses des soldats, avec leurs plaques rectangulaires attachées par des rivets, sont facilement reconnaissables.