La cité d’Aphrodisias de Carie est située dans le nord de l’Asie Mineure. Occupée depuis le néolithique, c’est à partir du IIe siècle avant J.-C. que la cité commença à se développer. L’empereur Auguste favorisa également la cité et, à partir du Ier siècle après J.-C. , celle-ci connut un développement urbain important.

Une ville en développement

La cité tire son nom de la déesse Aphrodite, où un sanctuaire lui était consacré, hérité des anciens cultes à la déesse mère de la région. La ville s’organisait selon un plan orthonormé probablement mis en place entre le IIe et le Ier siècle avant J.-C. Au centre de la ville se concentraient les principaux monuments ; seul le stade était rejeté au nord de la ville.

Le centre urbain d’Aphrodisias s’articulait autour de l’agora, située au cœur de la cité. Cette vaste place de 202 m de longueur sur  72 m de largeur était entourée d’un double portique probablement édifié ) la fin du Ier siècle avant J.-C. par C. Julius Zoïlos, affranchi d’Auguste.

Au nord de cette première place se trouvait le bouleutêrion, où se tenait l’assemblée des citoyens. Il pouvait accueillir environ 1750 personnes qui se répartissaient sur les gradins disposés en conque. Les puissants contreforts supposent que celui-ci était couvert.

Le temple d’Aphrodite

Le temple d’Aphrodite se situait à l’arrière du bouleutêrion. Le monument connut plusieurs phases de constructions. Le premier temple , érigé au milieu du Ier siècle avant J.-C. , subit une première reconstruction environ 50 ans plus tard. Le corps du temple fut agrémenté d’une colonnade imposante (8 x 13 m), faisant de la cella initiale un véritable temple pseudodiptère.

À l’ouest du temple se trouvait le tétrapylon. Ce monument formait un arc monumental menant au sanctuaire d’Aphrodite. Une étude minutieuse  du monument, effectuée dans les années 1980, a démontré que l’édifice fut plusieurs fois restauré dans l’Antiquité, suite aux nombreux tremblements de terre de la région. Au sud du tétrapylon, et à l’est de l’agora nord, se trouvait le célèbre Sébasteion.

Évolution et abandon

Durant l’Antiquité tardive, plusieurs édifices changèrent de fonction. Le bouleutêrion devint un espace de jeux, comme l’attestent les graffitis liés au spectacle sur les sièges; et le temple d’Aphrodite devint une église. Les catastrophes naturelles qui frappaient la ville de façon régulière – tremblements de terre et inondations – poussèrent les habitants à abandonner la cité.

Le théâtre

Le théâtre d’Aphrodisias, lié au sud du portique de Tibère, fut construit à la fin du Ier siècle avant J.-C. Cet édifice n’était pas seulement un lieu de spectacle, il jouait aussi le rôle d’ekklesiastérion, où s’assemblaient les citoyens pour débattre.
Le bâtiment présentait un certain nombre de spécificités liées à cette double activité.
Ainsi, il était possible de prendre des décisions au sein du théâtre puis d’en faire part à la population assemblé »e à l’arrière sur une place. Ce rôle particulier du théâtre se traduisait souvent par la présence sur l’un de ses murs, des représentations de grands événements liés à la cité. L’édifice a également subi un certain nombre de modifications visant notamment à y accueillir des jeux propres aux arènes.

Le Sébasteion

Le Sébasteion d’Aphrodisias est une longue esplanade de 80 m de longueur encadrée de deux façades portiquées et au bout de laquelle était construit un temple dédié à la famille impériale et à la déesse tutélaire de la cité, aphrodite.

L’ensemble était richement décoré de panneaux sculptés représentant des allégories, des scènes mythologiques, les provinces vaincues de l’Empire romain ou encore différents empereurs. Ainsi, l’empereur était mis en relation directe avec les dieux. Les allégories évoquaient probablement le caractère universel du pouvoir de l’empereur, comme le rappelaient également les représentations des provinces soumises.

Le portique de Tibère

Le portique de Tibère, ou agora sud, longeait le portique sud de l’agora nord. Cette vaste place disposait en son centre d’un bassin où était canalisée l’eau d’un cours d’eau antérieur. Avant les constructions des thermes d’Hadrien, il est très probable que cette place était un gymnase, jouant par la suite de tôle de palestre.
Les frises du portique étaient décorées de visages reprenant les grands modèles d’athlètes grecs ou de masques liés au répertoire théâtral.
Longuement étudié par des équipes française, le portique fait actuellement l’objet d’études environnementales visant à restituer la végétation du portique par l’université de New York.