La première image qui nous vient à l’esprit à l’évocation de la culture nasca est ces gigantesques motifs tracés à même le sol dans la plaine du même nom. À première vue, rien ne prédisposait cette région à voir s’établir en son sein une population humaine.
La végétation y est presque inexistante, les rayons du soleil brûlant sans distinction toute forme de vie sur ces terres salées. Et pourtant, malgré des contraintes environnementales défavorables, va se développer en ces lieux l’une des cultures les plus riches du Pérou pré-hispanique.
Cahuachi, symbole de la puissance Nasca
Localisés sur la bande littorale de la côte Pacifique, plusieurs grands sites montrent encore les vestiges de l’ancienne puissance acquise par la population nasca. Le plus imposant est sans nul doute le grand sanctuaire de Cahuachi, comprenant un ensemble de temples construits en briques d’adobe et dont les fouilles ont révélé une organisation associée à des activités liturgiques de premier ordre.
Les riches céramiques polychromes retrouvées et les restes humains associés nous laissent entrevoir une part de l’intense passé cérémoniel de ce site au cours des premiers siècles de notre ère. Parmi l’ensemble des constructions réalisées par l’homme, la pyramide principale domine la vallée avec une hauteur avoisinant les 20 mètres à son sommet.
Puis, lors du déclin de ce groupe, aux alentours du VIIe siècle après J.-C., la totalité du sanctuaire sera ensevelie artificiellement avant d’être abandonnée, rendant ainsi les édifices à la nature qui les avait vus naître. Pour l’archéologie, cette pratique d’abandon ritualisé s’avère bénéfique car elle permet de les préserver parfaitement des outrages du temps et des hommes.
Des hommes dans leur milieu
Autour de ces centres cérémoniels, en bordure des zones arides, plusieurs communautés vivaient regroupées. Leur existence quotidienne n’était permise que par l’exploitation de deux ressources locales. La première était assurée par les eaux froides de l’océan Pacifique, fournissant du poisson en quantité et toute une faune maritime abondante – notamment par la présence de colonies d’otaries sur les îles littorales. La seconde consistait en une exploitation agricole intensive des sols arides dans les vallées, rendue possible uniquement par un système d’irrigation très développé : puisque les eaux en surface sont relativement restreintes, la population nasca alla s’approvisionner directement dans les rivières souterraines descendant de la cordillère.
Des puits de l’époque nasca, appelée puquios, sont pour certains encore utilisés à l’heure actuelle par leurs descendants. De la sorte, ces terres côtières fournissaient maïs, haricots, piment, poivre et coton, dont une partie était échangée sur de longues distances contre d’autres ressources.
Des textiles ouvragés
Parmi les éléments importés des hauteurs des Andes, la laine de camélidé permit à la culture nasca de se perfectionner dans la confection de textiles polychromes finement ouvragés. Plusieurs pièces de textile ont été retrouvés en contexte funéraire, parfaitement préservées.
Entourant le corps du défunt, ces linceuls atteignant parfois plusieurs mètres de longueur étaient disposés en couches successives afin d’honorer le mort et de l’accompagner dans l’au-delà. Les parures de plumes et les ornements en or associés témoignent
Les géoglyphes
Les géoglyphes de Nasca ont fait couler beaucoup d’encre et ont inspiré les théories les plus fantaisistes. L’idée la plus répandue auprès du public concernait un système de pistes d’atterrissages à destination des visiteurs venus de l’espace…
A cela s’oppose une réflexion de logique : pourquoi ces êtres supérieurs, possédant une technologie leur permettant de voyager à travers l’univers, auraient-ils la nécessité d’une piste d’atterrissage quand nous autres humains parvenons à poser une sonde directement à la surface d’un corps céleste à plusieurs millions de kilomètres de distance ?
Si leur rôle exact fait encore débat, une utilisation liturgique des géoglyphes est privilégiée, par exemple au cours de processions rythmées par un calendrier rituel. Pour d’autres, certains motifs placés sur le flanc des collines pourraient être des marqueurs topographiques.
La brique d’adobe
La brique d’adobe est le matériau de construction principal des édifices pré-hispaniques dans les régions côtières d’Amérique du Sud.
Façonnées à la main, de forme rectangulaire ou conique, il s’agit de briques de terre crue laissées séchées au soleil. D’un point de vue stratégique, nous avons là une utilisation optimale du milieu désertique.
Plusieurs milliers de ces briques étaient nécessaires à l’édification d’un temple ou d’une pyramide, faisant intervenir une main-d’œuvre importante dans un travail communautaire impulsé par l’autorité d’un pouvoir dirigeant.